Enseignement Moral et Civique - Egalité Filles Garçons

DSDEN de l’Oise

Histoire de la Laïcité en France

Jean BAUBEROT

1993

→ Cet écrit traite la laïcité de la fin de l’Ancien Régime à nos jours (édition mise à jour en 2021).

→ L’auteur distille une vision sociologique tout au long de l’ouvrage.

→ Un chapitre est consacré à l’école publique et à sa morale laïque, organisée autour des notions de dignité et de solidarité.

→ Enfin, l’auteur s’interroge sur une crise éventuelle de la laïcité (conflits scolaires) et sur les renouveaux de la laïcité. L’ouvrage reste centré sur la France métropolitaine.

Jean Baubérot définit la laïcité par un double rejet, celui de la religion officielle et celui de l’athéisme d’État. Il rappelle aussi le double objectif de la laïcité : garantir la liberté de conscience et la liberté de penser.

L’auteur distingue trois seuils de laïcisation :
1) Le premier seuil de laïcisation – qui s’est bâti au cours des périodes révolutionnaire et impériale, entre la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen (article 10 sur la liberté des opinions, même religieuses), Code civil (mars 1804) et université impériale (1806) – débouche sur une fragmentation institutionnelle. L’État a soustrait à la religion un certain nombre de domaines, l’État-civil, le mariage, l’université ou la médecine.

2) Le deuxième seuil de laïcisation émerge dans les années 1880. La République s’affirme enfin. Ses institutions sont appelées à être durables et permettent la promulgation d’une série de lois laïques, particulièrement dans le domaine scolaire, puis en 1905, avec la séparation des Églises et de l’État (Concordat). L’État s’affranchit des religions. Un « pacte Parcours d’accès aux carrières de la fonction publique territoriale, hospitalière et d’État laïque » consacre la « dissociation institutionnelle » : la religion n’est plus observée comme une des « institutions structurantes » de la société, l’École publique lui ravit sa place. La religion relève de la sphère du privé.

3) Le dernier seuil est celui qui émerge dans les années 1960 (mai 1698) avec une contestation des institutions constitutive des deux premiers seuils. Des nouveaux droits individuels sont revendiqués (temps du consumérisme). C’est la période de l’accélération de la sécularisation dans un contexte de mondialisation sans toutefois minimiser la place des faits religieux.

L’auteur conclut sur la vision européenne de la laïcité : la France revendique une laïcité qui est moins stricte que l’Hexagone ne l’affirme et moins absolue qu’elle peut l’être chez ses partenaires européens (l’Italie ne subventionne pas les écoles privées sous contrat par exemple) ; la France reste aussi consensuelle dans sa « République indivisible » (elle compte notamment huit régimes cultuels).

Avis du lecteur : cet ouvrage n’est pas facile d’accès si vous souhaitez étudier le thème de la laïcité. Il vaut mieux y revenir avec une bonne connaissance du sujet dans son ensemble.

Mise à jour : 28 novembre 2022