Rapport annuel 2024 sur l’état des lieux du sexisme en France
Le sexisme commence à la maison, continue à l’école et explose en ligne. Il est
inoculé dès le plus jeune âge dans les trois incubateurs les plus puissants de la
société : la famille, l’école et le numérique. Les parents, sans même s’en rendre
compte, reproduisent les schémas genrés les plus traditionnels. Le système
d’enseignement perpétue les inégalités, malgré la mixité. Et Internet, comme tout
outil de communication, est à la fois la meilleure et la pire des choses : la meilleure
pour relayer les combats des femmes ; la pire en véhiculant, dans ses contenus les plus
vus, stéréotypes et violences sexistes et sexuelles. C’est le principal enseignement
de cette troisième vague1 du « baromètre sexisme », qui constate que loin de reculer,
le sexisme s’ancre, voire progresse.
Il apparaît en outre que plus l’engagement en faveur des femmes s’exprime dans
le débat public, plus, en face, la résistance s’organise. En dépit d’une sensibilité
toujours plus grande aux inégalités dans les jeunes générations, les clichés
et les stéréotypes sexistes perdurent. Cette absence de progrès, après des années
de combat féministe, ne peut être vécu collectivement que comme une régression !
Autre inquiétude : les réflexes masculinistes et les comportements machistes
s’ancrent, en particulier chez les jeunes hommes adultes, pendant que l’assignation
des femmes à la sphère domestique et au rôle maternel regagne du terrain.
Ces constats sont gravissimes car cette persistance du sexisme est à l’origine
de violences plus graves envers les femmes, dont le nombre ne diminue pas, voire
augmente dans certaines sphères. Il n’est plus possible de se contenter de dénoncer
et sanctionner les comportements sexistes, il faut s’attaquer aux racines du mal,
et de toute urgence. C’est, selon notre étude, l’opinion d’une immense majorité
de la population française qui, dans les mêmes proportions, se dit choquée par
l’impunité dont bénéficient les actes et propos sexistes. Une action publique forte,
continue et globale doit donc être menée dans l’éducation, l’espace numérique
et l’exercice de la justice. Précisément parce qu’il est une construction sociale,
le sexisme n’est pas une fatalité : s’y attaquer est un objectif réaliste et concret.
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